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Poésies et textes

Ballade des Moires

 

Plus tard les Moires, je vous avais dit plus tard

Me voilà face à vous, seul et sans gloire,

A affronter les derniers affres de la vie,

A composer avec les dernières lueurs du soir.

 

Dans ton regard mon enfant comme un miroir flétri,

Je vois s’accélérant tous mes jours , tous mes espoirs surpris.

Oui je vois, oui, je vois plus tard

Je vois plus tard les Moires.

 

J’en veux encore , dis , Lachevis, lâche encore

Lâche encore et encore, un peu de fil et du multicolore,

Pour que mon corps endolori emporte un peu plu loin mon âme,

Que je murmure un peu mieux la fin de cette histoire.

 

Pour toi ce serait juste un battement de cil,

Juste un mouvement plus lent et plus gracile,

Allez Lachevis, laissons-là et Darwin et Marie Curie,

Je t’en prie, moi je dis plus tard, encore plus tard,

 

Plus tard les Moires

Afin que la ballade ne soit à jamais finie.

 

 

 

 

Ballade de l’hortensia  ébloui. 1994-2018

 

 

Les rois Mages galopent vers Grenade

Sur des chevaux andalous puissamment montés.

Leurs corps  glabres couverts de feuilles d’ambre

Leurs bouches épaisses de porcelaine émaciée.

 

Des paysans murciens aux regards sournois préparent à leurs passages

Sur de grands grands feux de bois, des potages d’orge et de marc de café.

 

Plus loin à la frontière de l’Islam s’enveloppe dans son turban de nuit

Celui qui raconte toujours la même histoire

A qui veut l’entendre c’est l’histoire de votre vie.

 

Je me retrouve  éperdu à la frontière de vos yeux alezans

Et je regarde subjugué la mer d’Alboran comme un hortensia ébloui.

 

Pour eux je touche au bout de la nuit  ce rêve

Oui ce rêve qui est le rêve de toute une vie.

 

Plus loin encore  que la vieillesse, vieillesse ennemie

J’en appelle à votre éveil, éveil au baiser lumineux.

Et au petit jour je coule, coule sans regret sur le rimmel indigo  de vos yeux.

 

Ô poussière blanche des oliviers

Sur vos aisselles de nouveau saisies !

Ô jarre profonde du désir qui  guette dans mon regard meurtri

Le haut vol écarlate  des colombes serrées !

 

Carthagène le 27.04.2018

 

 

Mais, au fond, qui suis-je ?

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Lorsque j’ouvris ce 1er janvier 2015 ce courriel énigmatique   mais au titre néanmoins évocateur : «  Un cousin lointain », je m’attendais à tout sauf à voir apparaître une photo de mon grand-père maternel  la cigarette au bec et le regard plein de morgue du haut de ses vingt ans.

A la fin de l’envoi figurait  un courrier assez détaillé dans un assez bon français,  dont je vous livre ici la teneur .

Budapest, le 1 janvier 2015

 

Cher Frédéric,

Je m’appelle Peter Steiner. Je suis le petit-fils de Madame Spindler née Gizella (Giselle) Glaser, la cousine de ton grand-père, Bernard Glaser. Bien qu’ oncle Bernard et tante Marguerite ont passé l’été pendant de longues années chez nous à Budapest et moi ainsi que ma mère, Éva Karácsonyi avons passé des longues semaines à Paris,  rue du Caire au 43, les contacts étroits entre les deux familles ont été malheureusement interrompus par le décès d’oncle Bernard.

Cette lettre est due à  ce que mon travail m’a conduit lors d’une dernière session plénière d’une réunion d’une commission européenne à écouter le représentant d’Andorre parler en français. Mais il avait  un léger accent espagnol  et subitement  la question s’est posée : qu’était devenu les  Cubas? J’ai commencé à chercher. Tout de suite ma recherche  sur Internet et à ma grande surprise et à mon grand plaisir j’ai trouvé les données personnelles d’un certain Monsieur Frédéric Cubas qui s’appelle aussi Glaser afin de rendre hommage à ses ancêtres de l’Europe de l’Est. C’est pour cela je voudrais ajouter ci-dessous quelques informations sur ces Glasers.

En retournant de Strasbourg je me suis mis à chercher les photos de famille. J’ai trouvé non seulement des photos mais aussi un film que j’ai tourné en 1974 quand nous avons visité tes grands-parents à Menton. La plus grande partie du film est épouvantable mais juste la partie tournée chez tes  grands-parents est relativement en bon état. Tante Marguerite, Oncle Bernard, ma mère et mon beau-père, Béla sont reconnaissables et les gestes sont typiques d’eux. Les photos ont étés prises entre 1926 et 1966 et chacune a son histoire. Sur l’une ou je suis très petit tu  me trouveras à côté de ton grand-père,  tu y verras aussi Miksa (Maximilien) Glaser, le frère de ma grand-mère et sur une autre, ou je suis plus âgé à côté de ta grande-mère c’est sa fille, Ágota (Agnès) Glaser. Actuellement c’est elle et notre cousin Tamás (Thomas) ainsi que son fils Péter et petit-fils Áron qui portent le nom Glaser dans la famille, mais les  deux derniers vivent aux États-Unis. Plusieurs Glasers ont immigré en Autriche et leurs descendants vivent à Vienne.

Ci-joint l’adresse d’une synagogue fréquentée par les Glaser depuis un siècle, dont d’après mon grand-père, Mátyás (Matthias) Spindler, mes oncles, Miklós, puis Jakab (Jacob) Glaser étaient les supérieurs pendant un demi-siècle.  Jacob Glaser (surnom : Juci) était si populaire que la fondation de la synagogue porte son nom . La synagogue a quelques rapports avec l’ Espagne : c’est la seule synagogue du rite sefardi .C’est pour cela  que Jacob Glaser était l’invité d’honneur du roi d’ Espagne à la célébration du  cinq centième anniversaire de la découverte de l’Amérique comme représentant de la  communauté séfarade de Hongrie. (Il n’y est pas allé, parce que sa femme ne le lui a pas permis, mais c’est une autre histoire.) Néanmoins il n’existe  plus de communauté séfarade en Hongrie parce que la grande majorité des juifs de provenance du Al Andalus - comme la famille de mon père - vivait dans la campagne et ont été anéanti à Auschwitz. Les seuls survivants étant parmi les habitants de Budapest…. » 

Le courrier continuait par une série de précisions qui n’intéresseront pas le lecteur.

Au moment où j’achevais la lecture de ce courrier une immense chaleur m’envahit. Il me semblait qu’une partie entière de mon corps qui jusque là m’avait fait défaut, était de nouveau présente. Cela ne pouvait pas être de plus belles étrennes. J’avais , il y a cinq ans, fait le voyage vers Budapest pour renouer les liens avec la famille de mon grand-père maternel sans succès et à aucun moment je n’avais eu l’idée de m’appuyer sur la synagogue de Budapest. Je pensais à l’époque que par faute de pratiquants elle n’existait même plus, qu’elle avait du être détruite durant la seconde guerre mondiale.  J’avais renoncé dès lors à en savoir un peu plus sur ma propre identité, du moins sur ce qui faisait ce que j’étais, par l’histoire de cette généalogie familiale si déroutante. En regardant les photos des filles de Péter je m’apercevais qu’au moins une d’entre elle avait fait son retour au source en allant s’installer avec sa famille en Israel.

 

« Péter,
me voilà au calme après avoir raccompagné maman chez elle. Elle habite toujours à Massy au 1 rue du Dauphiné,  à quelques mètres de l'allée du Béarn où tu étais venu.
Ma soeur ,Brigitte, habite juste en face. Elle est  mariée et a eu 3 enfants. Elle est grand-mère d'une petite fille qui a deux  ans . Elle travaille à la sécurité sociale à Massy même.
Moi, ma vie m'a poussé  lorsque j'étudiais une licence d'espagnol à la Sorbonne à me frotter avec la fin de la dictature franquiste en partant à Madrid, plein d'illusions dans la tête.
Je rêvais d'une république et c'est une monarchie qui s'est installé. Mais je ne suis pas rentré les mains vides, puisque durant cette période troublée, j'ai rencontré ma femme avec qui depuis j'ai eu deux enfants.
J'habite une maison à Cergy-Pontoise à 30 kms à l'ouest de Paris avec mon atelier accolé. Nous avons aussi une maisonnette en bord de mer à côté de Murcie en Espagne pour les vacances.

Si j'ai bien compris l'histoire des Glaser et j'espère ne pas me tromper: ils étaient de rite séfardi. Cela me bouleverse profondément car il y a quelques années j'ai demandé la nationalité espagnole au nom de la mémoire historique et je m'aperçois que c'est plus de 500 ans après, aussi au nom de mes ancêtres  que j'aurais dû la demander.

Ma maison vous est ouverte à toi , à tes enfants , à ceux des Glaser avec qui tu as pu être en contact. Nous vivons non loin de Paris  et nous avons des chambres disponibles et nous serions très heureux de vous accueillir ma femme Paqui et moi.

Amitié Profonde,

Frédéric

 

 

               Je  découvre un nouveau paysage.

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 Une vision d'un reflet diffus sur les vitres de la fenêtre de ma chambre. Peut-être s'agit-il de l'éclairage public, ou bien est-ce un système de caméra de surveillance accroché là, à l'angle du bâtiment, je ne sais pas.  Ce qui est sûr,  c'est que la vision se fait dans  un halo diffus d'une lumière douloureuse et froide  d'hiver. Elle ronge les  perspectives de notre chambre, mixant dans une bouillie jaune de Naples rabattue dans de l'indigo tous les plans proposées. C'est une alliance pigmentaire difficile ! Au fond de moi à gauche la douleur est de la même couleur. Je recherche dans un ultime effort   le  vague reflet de ma propre souffrance comme pour me rassurer d'en être encore le propriétaire. Je  retrouve enfin, au bout de quelques minutes,  mon visage surpris, à moitié brouillé lui aussi, tout comme les perspectives, par cette semi obscurité. De quoi me persuader d'une réinscription  dans un réel médicamenteux ; me voilà mentalement presque rassuré.

 

En  parlant de médicaments, à ma droite le jeune pachtoun  gémit dans son sommeil. Je l'interpelle en anglais pour lui demander s'il a besoin d'aide mais il ne me répond pas. De toutes les manières j'entends l'appareillage technique des infirmières dans la chambre voisine. Elles prodiguent des soins à une personne âgée.  Je l'ai déduit d'abord du fait que cette personne  parle fort, d'une voix caverneuse et que ses propos sont parfois incohérents  voire   indécents.

Elles ne vont pas tarder à en finir avec lui.

Pouvoir échanger , même quelques mots avec elles, faire part de  ce que l'on ressent, se rassurer. On est encore une personne, seule, couper des siens, mais on est encore une personne. Oui, on cherche encore à s'en persuader. Mais ici plus de statut. Personne ne connait ton tikoun mon gars et tous les efforts que tu as mis en place depuis 59 ans pour t'amender, te cultiver, aimer, créer, partager, tout est à reconstruire, oui tout semble ruiné, la chair se rappelle à toi. Demain avec l'opération et l'anesthésie totale, aucune certitude de pouvoir le raconter en plaisanter alors pour l'instant, objectif ne pas dormir, se remémorer vivre intensément chaque seconde qui passe.

Cela faisait 24 heures  que je vivais ce véritable cauchemar éveillé, hanche brisée, un 10 novembre, lors d'une banale randonnée avec les inévitables heures d'attente aux urgences avant d'intégrer  enfin  la chambre 302 du service orthopédique de l'hôpital de Pontoise. Aujourd'hui en ce 11 novembre finissant, pas d'armistice, c'est encore une nouvelle guerre.

Oui, j'avais glissé dans la vase .

 

 

 

L'après-midi même   mon jeune voisin était arrivé dans un fracas métallique, visiblement avec le tibia  fracturé. J'attendais lors de cette veillée nocturne que ce 11 novembre, jour férié, passe pour être opéré dès le lendemain matin, du moins c'est ce que j'avais pu comprendre sans autres réelles précisions lors des passages pour les soins des infirmières.

 

J'avais du mal à respirer en position horizontale et cela était très certainement dû aux cigarettes que j'avais fumé depuis 45 ans.

Chaque  micro-mouvement  réveillait une douleur sourde que n'arrivait pas à  réduire les analgésiques. Je fermais les yeux et lorsque je les rouvrais un nouveau paysage se composait en absence comme une photo de Xavier Blondeau. Un effacement de soi.

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Aqui  un primer «  cuento dormido »para adultos, que he traducido de mala manera,  pero que cada coleccionista de las aquarelas chicas puede tener. Cada uno de ellos tendra una parte del cuento que se va a esparcir por los caminos del mundo, como un juego que un dia, lo mas tarde posible, volvera a reunirse.

 

Frédéric.

 

 

 

El nino, la luna y el carnero.

 

Por los montes de Gredos vivia un muchacho sin edad,.que llamaban Albir.

Era pastorcillo, pero nadie conocia cual era su rebano.

Vivia , desde tiempos inmemoriales, con su luna y su carnero.

 

El aroma de la albahaca y del romero  incendiaba sus mejillas cuando empujado por sus dos amigos , para alimentar su cuerpo, tocaba  del caramillo.

Un dia, llegando del norte, donde los alamos agitan el viento, se presento un caballito azul y  gris de mirada  curiosa.

 

Le pregunto : « Como puedes vivir aqui, ignorante del  Todo, sin haber caminado en otra parte que en tus montes, sin ni siquiera conocer la meseta ? »

 

« No sabes que desde varios dias ha llegado de Oriente la mas bella de todas las flores ? »

« Esta rosa de perfume tan delicado es apreciada por todos los grandes sabios. »

 

Entonces el   nino sin edad le miro de sus grandes ojos de tinta  y le murmuro manteniendo sus labios en la cana de su  caramillo :

« El que se hojea  dia tras noche, encontrara, encuentra y olvidara. »

« Para olvidarse, no necesitamos largas charlas.

Mira brota ya ! Es la flor y el grano de nuestro amor. »

 

« Somos tres : El carnero , carne nuestra es, la luna, nuestro Universo y yo Albir el pastorcillo, no soy nada mas ni nada menos que el fruto de tu pensamiento. »

 

 

 

 

 

 

 

 

Romance de l’enfant de la lune et du bélier.

 

Dans les monts de Gredos vivait un enfant sans âge. On l’appelait Albir. 

 

 Il était berger, mais personne ne lui connaissait de troupeau.

 

Il vivait là, depuis des temps immémoriaux, avec sa mère la lune et son bélier.

L’arôme du basilic et du romarin enflammait ses joues lorsque poussé par ses deux amis, pour se nourrir l'âme, il jouait du pipeau.

 

Un jour venant du nord, là où les peupliers agitent le vent, se présenta un petit cheval bleu et gris au regard curieux.

Il lui demanda : «  Comment peux- tu vivre là, ignorant du Tout, sans avoir cheminé ailleurs qu’entre mont et mont ,sans même connaître le plateau? »

 « Ne sais tu pas que depuis quelques jours est arrivée de l’Orient la plus belle des fleurs ? »

 « Cette rose au parfum si délicat est déjà appréciée par tous les grands sages .»

 

Alors le jeune berger le regarda de ses grands yeux d’encre et lui murmura  en gardant ses lèvres sur le roseau de son pipeau.:

 

- « Celui qui se parcourt , jour après nuit ,trouve, trouvera ,  et oubliera. »

 « Pour  s’oublier , nous n’avons point besoin  de grand voyage.

Regarde elle pousse déjà ! Elle est la fleur et le grain de notre grand amour. 

Nous sommes trois : Le bélier  c’est notre chair, la lune, notre Univers et moi Albir, je ne suis que  le fruit  de ta pensée. »  

Les deux pins sur un rocher

 

Dans les montagnes Pyrénéennes entre  Cerdagne et Capcir,  le climat était si rude, le vent âpre fouettait si fort les joues, que les arbres étaient une bénédiction pour les villages Catalans alentours.

Ils apportaient chaleur, pendant l’hivernage et travail pour les hommes dès les fontes.

En 1939 deux graines de pin-parasol, venant du versant Espagnol, furent déposées  sur un rocher, tout près du lac de Matemale.

Et même si le gel, la sécheresse,  avait tout fait pour les en empêcher, en quelques années , embrassant le minéral, deux arbres juvéniles,  avaient réussi à y pousser, si profondément entrelacés l’un dans l’autre, que  l’œil humain n’aurait pu  les dissocier.

Il fallait les voir, amoureusement noués,  s’élancer pour boire les ciels d’été, la cime tournée vers le Cambre d’Aze.

Leur beauté avait attiré deux jeunes Catalans  qui venaient chaque jour  renouveler, promesses et serments. Ces deux amants y avaient depuis le début de l’été, trouvé au pied de ces quatre éléments,  à la fois un refuge  mais aussi un symbole pour leur aventure.

Le jeune homme, chaque jour s’ouvrait un peu plus à sa future compagne. Joan ressentait en lui, une envie de Nord, de sonder le murmure des plaines, une  vraie envie de ville, un frémissement à l’idée des bruits de machines et des désirs de richesse bien illusoires.

Monserrat, de ses grands yeux de braise pressentait qu’il lui fallait profiter de chaque souffle de cet amour comme le fer s’enflamme et profite de la forge.

 

Ils se retrouvèrent aux derniers rayons de l’automne, ce matin là, pour son départ.

Elle sentait déjà la vie de l’autre pousser dans son ventre,  mais elle n’avait pas encore trouvé le moment opportun pour  lui en parler.

Quand, rougissante, elle lui fit part de son état,  cela sembla comme durcir encore plus la détermination de Joan .

Il l’embrassa promptement, lui promit,  des écritures et des appels , des lettres pour de futurs  ralliements, bref, tout le chapelet facile et sempiternel des serments habituels.

Rien ne vint.

Les saisons passèrent, puis les années. Le fils de Joan et de Monserrat,  pendant ce temps grandissait  et ses grands yeux indigos interrogeaient le Nord.

Pour ses quinze ans, une lettre lui parvint l’invitant à se rendre auprès de son père.

Il annonça la nouvelle de son départ, déjà curieux des vapeurs des cités  à l’accent pointu,   près de l’arbre, là même où ses parents l’avait conçu.

Sa mère, implorait tous les saints,  les archanges  et l’omniscience du divin ; rien  n’y fit ; elle en mourut.

Sa parole cependant ne resta pas vaine, un archange l’accueillit entre ses ailes puissantes et lui dit : 

«  Ton amour de femme est resté comme cette pierre, immuable à travers le temps, gloire à toi femme ! » 

 

A ces mots, la pierre sur laquelle reposaient les deux pins, disparut, engloutie qu’elle fut à jamais dans la terre Catalane, indigne du regard des hommes.

Seuls,  reste aujourd’hui, les deux arbres entrelacés  qui désespérément,  génération après génération, coupe après coupe,  fauchage après fauchage , renaîtront   et crieront leur fatigue  face au ciel,  jusqu’à ce qu’ils  entendent au delà du bruissement des frondaisons, l’impermanence des choses,  le son profond de la femme qui attend.

Voyageurs qui passez près du lac, en cherchant parmi les milliers de pins qui dorment  si sagement rangés , près des rives , si vous cherchez les traces anciennes de cette histoire, vous finirez bien par tomber, comme moi,  face à face, avec l’image même de leur destin.  

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